Bernay et la villa romaine
La proximité de la voie romaine Saintes – Angers et d’une voie secondaire est-ouest sont sans doute à l’origine de la construction d’une villa gallo-romaine. Des fragments de mosaïque provenant de cette villa ont été retrouvés près de l’église en empierrant une route et dessinés par l’abbé Lacurie.
Le site de Malveau et plusieurs autres sites de moindre importance témoignent d’une occupation assez dense du Néolithique au Haut Moyen-âge: outils, débris de construction, sarcophage et motte castrale.
Bernay et les templiers
La commanderie templière du Grand-Bernay dépendait de la commanderie principale de La Rochelle, cette commanderie fût implantèe sur les terres données par Hugues de Nuaillé en 1227 aux Templiers de La Rochelle.
La maison que les Templiers ont fondée à Bernay vers 1230 a pour origine une donation faite en 1227 par Hugues de Nuaillé, seigneur de Bernay et de Luché et confirmée par son suzerain Guillaume de Surgères. Les Templiers ont ajouté une chapelle à cette maison où ont été reçus certains frères du diocèse de Saintes, ainsi qu’ils l’ont déclaré lors de leur interrogatoire par la commission pontificale.
L’enquête sur les possessions de l’Ordre des Hospitaliers de 1373 nous indique que la commanderie de Bernay était membre de la Commanderie de La Rochelle, mais qu’elle avait toujours son commandeur, un certain frère Jean Robin.
Sources: Trudon des Ormes: Les possessions templières recueillent durant les interrogatoires des templiers par les hommes de Philippe le Bel et les commissions pontificales des diocèses de France.
En juin 1227, Hugues de Nuaillé donna aux Templiers de La Rochelle son hébergement de Bernay, avec des marais en dépendant, ainsi que son hébergement de Luché avec ses appartenances. Donation qui fut confirmée par son suzerain, Guillaume, seigneur de Surgères. Cette donation fut à l’origine de la maison que les Templiers installérent à Bernay et à laquelle ils adjoignirent une chapelle. En 1311, déposant devant les commissaires pontificaux, frère Barthélémy Bartholet, du diocèse de Saintes, dit avoir été reçu dans l’ordre du Temple, environ vingt-huit ans plus tôt, en la chapelle de la maison du Temple de Bernay, au diocèse de Saintes (Michelet, Procès des Templiers, tome II, page 186).
L’enquête de 1373 nous apprend que Bernay, bien que membre du Temple de La Rochelle, disposait de son propre gouverneur, frère Jean Bobin, âgé de trente ans environ, dont nous ignorons s’il était chevalier, sergent ou prêtre. Résidaient avec lui trois serviteurs et probablement un ou plusieurs chapelains chargés de la desserte de la chapelle.
Les ressources de la maison, autrefois importantes, avaient été sérieusement amoindries par les calamités du temps. En argent, elles se réduisaient annuellement à 20 livres. Les terres arables et les marais, qui produisaient, avant guerre, 300 setiers de céréales par an étaient désormais en friche, gagnés par les broussailles. La maison vivait chichement de la culture de quelques autres terres qui rapportait 40 à 45 setiers de céréales diverses. Les 15 quartiers de vigne fournissaient autrefois 25 tonneaux de vin chaque année contre 4 seulement en 1373. Un tonneau était réservé à la consommation de la maison et les 3 autres vendus pour 45 livres alors que le coût de la culture des vignes montait à 150 livres par an. Comme les terres et marais, les prés étaient retournés à l’état sauvage et, de ce fait, la maison perdait annuellement 100 à 200 charretées de foin. Il en coûtait 40 à 50 livres chaque année pour se procurer le foin nécessaire à la nourriture des boeufs.
Dès les premiers troubles religieux du XVIe siècle, la chapelle de Bernay devait subir des déprédations relatées dans le procès-verbal de visite de 1564: —…sommes entrez en la chappelle où nous avons veu un autel, reffaict à neuf et les vitres et couvertures de ladicte chappelle, par frère Jean Boumaveau, religieux d’obédience dudict Temple [de La Rochelle], présentement possédant ledict membre de Bemay, à cause que devant les troubles lesditz autel, vitres et couverture furent rompus.
La maison de Bernay possédait un grand marais, divers prés et pièces de terre labourable dont certaines avaient été remises en culture par ledit frère Boumaveau alors qu’elles « n’estoient le temps passé que buissons et ronces. » Ce même frère avait acheté, trente ans plus tôt, une petite métairie comprenant trente journaux de terre pour agrandir le domaine de la maison.
Le labourage des terres s’effectuait à « trois charrues, et quelque fois quatre, bien garnies à six boeufz par charrue qui se renouvellent quand ilz sont vieux. »
Les visites prieurales ultérieures ne parlent plus d’une maison à Bernay; elles distinguent la métairie du Grand Bernay, métairie principale, et celle du Petit Bemay distante d’une demi-lieue de la première. La chapelle avait été détruite pendant les guerres de religion et ne fut pas reconstruite.
En 1675, les commissaires notent dans leur procès-verbal de visite que les bâtiments de la métairie du Grand Bernay sont en mauvais état, en particulier la maison du fermier et la grange. Ils ajoutent: « De là sommes transportés dans une chapelle qui est entièrement ruinée, comme pareillement la sacristye qui joint ladite chapelle. »
Quelques années plus tard, en 1682, les visiteurs décrivent ainsi la métairie du Grand Bemay: —…Sommes entrés par un grand portai de pierre, une petite porte à costé, le tout fermant de portes… et avons veu une grande cour, partie entourée de murailles et partie des bastiments, qui consistent en un grand corps de logis soubz lequel est une grande chambre à cheminée où loge le mestayer… ensuite, tirant vers la porte, une grande estable, ensuite une escurye, greniers au dessus… et au bout dudict logement avons veu que des ruynes de l’ancienne chapelle l’on a faict un grenier hault et bas; le service de laquelle chapelle a esté transféré dans la ville de la Rochelle. Et, de l’autre costé de la cour, est une grande grange à mettre les foings… dans le milieu d’icelle cour est une fuye carée, couverte d’ardoize. »
En 1699, tous les bâtiments du Grand et du Petit Bernay apparaissent en très bon état, restaurés depuis peu.
La visite de 1783 rapporte, elle aussi, l’excellent état des lieux et les visiteurs mentionnent: —… ensuite sommes entrés dans un endroit appelle la Chapelle, qui sert de grenier destiné à contenir la part de la récolte appartenante à monsieur le commandeur, avons veu qu’ils sont pleins de grains et en bon état. »
Le Grand et le Petit Bernay existent encore de nos jours. Au Grand Bemay plusieurs maisons d’habitation comportent d’épais murs, vraisemblablement empruntés à des bâtiments anciens. Des ossements ont été mis à jour dans le jardin de la première maison située à main gauche du chemin d’accès. Cette découverte constitue le seul indice qui permette de localiser approximativement l’emplacement de la chapelle disparue.
Sources: Les commanderies des Templiers et des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem – Anne-Maris Legras – Editions du CNRS – 1983.